Qu'est-ce qui constitue la reconnaissance au travail et pourquoi est-elle si importante? L'être humain est foncièrement motivé par la reconnaissance et le fait que les autres soulignent ses exploits ou ses attraits.

Anciennement, la reconnaissance au travail consistait à attribuer une augmentation de salaire, une prime ou un cadeau de fin d'année aux individus pour souligner leur assiduité et leur performance. Aujourd'hui, le monde du travail a beaucoup évolué et les besoins changent.

Cet article explore les avantages de cultiver la reconnaissance dans l'entreprise et de mettre l'accent sur les équipes et la collaboration, afin d'optimiser l'engagement du personnel et d'améliorer le rendement collectif.

La reconnaissance n'est pas un exercice futile

Selon Jean-Pierre Brun, professeur et titulaire de la Chaire en gestion de la santé et de la sécurité au travail à l'Université Laval, et auteur d'ouvrages sur la reconnaissance professionnelle, cette dernière est une pratique qu'il vaut largement la peine de cultiver.

Cet enjeu essentiel pour les entreprises favorise la santé psychologique, le bien-être, l'engagement et la performance. Selon Professeur Brun, la rémunération ne joue pas tellement sur la reconnaissance, mais elle joue beaucoup sur la satisfaction. 

Les bienfaits de la reconnaissance au travail sont d'ailleurs nombreux : amélioration du climat de travail, augmentation de la mobilisation du personnel, meilleure résistance au stress et productivité accrue, entre autres. En somme, la reconnaissance dynamise la santé et le bonheur au travail.

L'Institut national de santé publique au Québec (INSPQ) affirme également que la reconnaissance individuelle et collective fait partie des pratiques de gestion qui favorisent la santé mentale au travail.

Elle est aussi devenue un enjeu majeur pour retenir les talents au sein d'une organisation et constitue un puissant indicateur de la performance économique de l'entreprise.

Les besoins de reconnaissance au travail évoluent

Le monde du travail est en mutation. Un sondage, réalisé en France il y a une trentaine d'années, révélait que le travail était essentiel dans la vie de 80 % des répondants. Dans un autre sondage français axé sur la même question, ce pourcentage était tombé à 23 % en 2022. Les employés sont de plus en plus enclins à changer d'emploi lorsqu'ils ne se sentent pas valorisés.

C'est d'autant plus important alors que les nouvelles générations de recrues sont sur le point de remplacer les baby-boomers qui partent à la retraite. Ces dernières ont un besoin de reconnaissance au travail bien affirmé. Pour la première fois depuis le 1er juillet 2023, la génération des millénariaux (née entre 1981 et 1996) est plus nombreuse que la génération du baby-boom. Aux côtés de la génération Z, ces nouvelles générations de travailleurs ont des points de vue différents sur l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée et sur la loyauté à l'égard de l'entreprise.

Toujours selon les recherches de Jean-Pierre Brun1, les travailleurs souhaitent plus que jamais être considérés. S'ils sont heureux d’être reconnus par une prime au rendement ou un remerciement occasionnel, les participants aux études ont surtout insisté sur ces aspects : la participation aux décisions, la consultation et l'information ainsi que la contribution à de nouveaux projets.

Autrement dit, les travailleurs veulent sentir qu'ils ont leur place au sein de l'entreprise, qu'ils y jouent un rôle qui compte et qu'ils sont reconnus en tant que contributeurs. Cette reconnaissance ne doit pas seulement provenir des supérieurs, elle peut aussi venir des pairs et des collègues. La reconnaissance entre coéquipiers deviendra encore plus importante avec l'arrivée des générations plus jeunes, car celles-ci privilégient leurs rapports avec les autres.

L'engagement et la reconnaissance vont de pair

Dans une étude sur la mobilisation multigénérationnelle, Mercer indique que les principaux facteurs qui façonnent l'engagement des employés envers les réalisations sont :

  • un travail valorisant;
  • la reconnaissance;
  • le perfectionnement professionnel;
  • une mission passionnante.

Le rapport cite par ailleurs le manque de rétroaction comme un facteur qui compromet l'engagement des employés.

Les employeurs avertis savent que les employés qui sont mentalement et émotionnellement investis dans leur travail et leur organisation travaillent plus fort et plus longtemps, et qu'ils offrent un meilleur service à la clientèle.

L'enquête tire cette conclusion : le rendement des actions est de 11 % à 16 % plus élevé dans les organisations où les employés démontrent un degré élevé d'enthousiasme que dans les autres.

La reconnaissance collective

La reconnaissance ne se limite pas à souligner le rendement des individus. Dans un contexte où la collaboration et le travail d'équipe sont des nécessités, il peut être plus pertinent de reconnaître les équipes, les départements ou certaines catégories d'employés. Pour cultiver une culture de coopération, la reconnaissance des groupes a de meilleures chances d'avoir les effets attendus. Voici quelques exemples de reconnaissance collective.

  • Souligner la réussite d'une équipe de projet.
  • Remercier les membres d'un service pour leurs efforts de coopération et leur entraide.
  • Consulter une équipe avant de prendre une décision qui les concerne.
  • Rédiger un article interne sur une réalisation collective.
  • Récompenser l'ensemble des employés après avoir surmonté une crise.

Le besoin de reconnaissance est-il devenu excessif?

Le besoin de reconnaissance excessif est lié à un manque d'estime de soi d'un individu. Ces personnes ont souvent de la difficulté à reconnaître leur propre mérite et doivent être constamment rassurées. Poser des gestes de reconnaissance quotidiens et sincères envers les équipes et les employés a surtout des effets positifs sur l'engagement, le sentiment d'appartenance et le bonheur des travailleurs.

La reconnaissance au travail est étroitement liée à l'engagement du personnel, et de ce fait, à sa rétention. L'arrivée des nouvelles générations de travailleurs et les défis posés par un marché de l'emploi en pleine évolution remettent à l'ordre du jour le besoin de cultiver et d'encourager la reconnaissance des employés et des équipes.

1 Le pouvoir de la reconnaissance au travail : 30 fiches pratiques pour motiver et améliorer la performance, Jean-Pierre Brun et Christophe Laval, Eyrolles, 2018.