Le marché du travail canadien est en pleine mutation.
Alors que les nouvelles générations rejoignent la population active dans un contexte de pénurie persistante de compétences, les employeurs sont confrontés au double défi d'attirer et de retenir les meilleurs talents. L'importance accordée à l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, aux avantages sociaux et au bien-être a indéniablement modifié les attentes des employées.
Dans ce marché en pleine évolution, un plan de fidélisation du personnel n'est pas seulement une option, mais un impératif stratégique. Il s'agit de cultiver un environnement dans lequel vos employés se sentent valorisés, engagés et inspirés à donner le meilleur d'eux-mêmes, garantissant ainsi le succès et la croissance durables de votre organisation.
En voici les raisons.
L'importance de revoir l'expérience employé
Les salariés réévaluent leurs priorités et recherchent des fonctions qui ne se limitent pas à une rémunération financière, mais qui leur offrent également un sens de l'objectif, de la flexibilité et un soutien à leur bien-être.
L'évolution des attentes d'une main-d'œuvre multigénérationnelle, associée à une pénurie constante de compétences, a fait de l'attraction et de la rétention des talents une entreprise complexe.
Les entreprises doivent reconnaître cette dynamique changeante et s'y adapter, au risque de perdre leurs employés au profit de concurrents qui offrent un environnement de travail plus épanouissant et plus favorable. Dans ce contexte, donner la priorité à l'expérience des employés n'est plus facultatif ; c'est essentiel pour la réussite de l'entreprise.
La question de l'expérience employé prend donc une toute nouvelle dimension face à ces enjeux. Un roulement de personnel trop élevé peut nuire à votre marque d'employeur, ce qui à son tour risque de compliquer votre processus d'embauche.
Nous vous proposons six pistes stratégiques pour améliorer votre politique de rétention de vos effectifs.
1. Peaufiner le recrutement
Embaucher un employé coûte cher. Des données comparatives antérieures de l'association SHRM ont révélé que le coût moyen par embauche s'élevait à près de 4 700 $, mais qu'il pouvait être trois à quatre fois supérieur au salaire du poste. Le coût d'embauche des employés augmente proportionnellement en fonction de la durée de la recherche, du rôle et de l'échelon salarial. La première étape du plan de fidélisation se joue alors au début du processus, soit le recrutement.
Pour attirer et embaucher les candidats qui répondent aux besoins de l'entreprise et qui ont les meilleures chances de s'intégrer à l'équipe pour le long terme, les employeurs sont régulièrement appelés à :
- Revoir l'expérience du candidat.
- Sélectionner les candidats dans une vision à long terme.
- Éviter les délais de réponse et offrir une expérience positive en automatisant certaines étapes.
- Créer une marque d'employeur convaincante.
- Développer une culture d'entreprise forte reflétée dans ses actions.
- Promouvoir la diversité et l'inclusion.
2. Mettre en place une stratégie d'intégration
Perdre un employé peu après l'embauche et la période d'intégration est encore plus dommageable pour les entreprises. Selon les statistiques américaines, le départ d'un employé et son remplacement coûtent entre 25 % et 250 % du salaire annuel* selon le niveau de connaissances requis pour le poste. Outre les pertes financières, le roulement a des effets négatifs sur le moral des employés, la productivité et le taux de satisfaction.
Un plan d'intégration des nouvelles recrues bien monté permet d'augmenter le sentiment d'appartenance qui les incitera à rester.
3. Miser sur l'écoute et la collaboration
Dans un monde qui évolue rapidement, l'agilité, l'innovation et la créativité sont devenues des atouts clés. Pour pouvoir puiser dans l'intelligence collective d'une main-d'œuvre motivée et diversifiée, les gestionnaires doivent apprendre à guider et à écouter, plutôt qu'à gérer. La collaboration et l'échange d'idées à tous les échelons et entre les échelons, sont des moteurs qui peuvent donner lieu à un style de leadership où tous se sentent libres de contribuer et de communiquer. Les questions et les réponses peuvent venir de n'importe quel employé, à condition de mettre en place une structure qui permet de les accueillir.
4. Cultiver un milieu de travail stimulant et positif
Pour avoir envie de s'investir dans l'entreprise et de donner le meilleur de soi, les employés doivent sentir qu'ils disposent d'un pouvoir d'agir et qu'ils évoluent dans un contexte où règnent confiance, soutien, reconnaissance et justice. L'importance d'une culture d'entreprise qui favorise l'autonomisation des employés aide à cultiver un milieu de travail stimulant et à nourrir le sentiment d'appartenance.
La stratégie de rétention des employés passe aussi par des mesures simples et concrètes pour promouvoir le bien-être au travail.
- Aménager un environnement agréable et positif.
- Offrir des horaires flexibles, un bon équilibre travail-famille et des avantages attrayants.
- Encourager les pauses actives et l'exercice.
- Organiser des activités sociales ou de groupe, virtuellement ou en personne.
- Instaurer des journées sans réunions et des périodes de concentration.
- Reconnaître le droit à la déconnexion.
5. Montrer de la reconnaissance
Il est certain que le fait de rémunérer les employés à leur juste valeur soutient la rétention. Dans un marché concurrentiel, les employés qui ont l'impression d'être sous-payés n'hésiteraient pas à chercher autre chose. Dans son rapport sur les tendances mondiales en capital humain, Deloitte rapporte qu'à l'échelle mondiale, 100 millions de travailleurs faiblement rémunérés iront à la recherche d'un nouvel emploi d'ici à 2030.
Outre les récompenses pécuniaires, la reconnaissance constitue un puissant indicateur de la performance économique de l'entreprise. L'Institut national de santé publique au Québec (INSPQ) affirme que la reconnaissance individuelle et collective fait partie des pratiques de gestion qui favorisent la santé mentale au travail. Vos équipes de gestionnaires auraient avantage à recevoir l'information et la formation en ce sens, car ils sont en contact direct et étroit avec les travailleurs.
Selon les recherches de Jean-Pierre Brun1, les travailleurs souhaitent plus que jamais être considérés. Ils souhaitent participer aux décisions, être consultés et informés, et pouvoir contribuer à de nouveaux projets. Ils veulent sentir qu'ils ont leur place au sein de l'entreprise, qu'ils y jouent un rôle qui compte et que l'entreprise apprécie leur valeur.
6. Encourager le développement des employés
L'enquête menée en 2021 par Statistique Canada auprès des employeurs sur les compétences du personnel indique que plus de la moitié des entreprises (56,1 %) ont déclaré avoir du mal à recruter des employés qui possèdent toutes les compétences nécessaires pour effectuer leur travail correctement.
Outre la nécessité de combler les lacunes en matière de compétences des employés, le développement professionnel et les occasions d'apprentissage dynamisent l'appartenance et la loyauté.
En faisant de votre entreprise un employeur de choix et en créant un contexte dans lequel les employés aiment travailler, se sentent valorisés, et ressentent de la fierté, vous veillez à diminuer le roulement et à optimiser le taux de rétention. L'effet boule de neige qui en découle vous permettra d'attirer un meilleur bassin de candidats pour pourvoir les postes et assurer la croissance de l'organisation.
1 Le pouvoir de la reconnaissance au travail : 30 fiches pratiques pour motiver et améliorer la performance, Jean-Pierre Brun et Christophe Laval, Eyrolles, 2018.
*Article en anglais