Le fait de prioriser les compétences par rapport aux diplômes ou aux années d'expérience est une bonne chose pour les affaires, mais également pour les gens.
Points clés à retenir
- Le recrutement axé sur les compétences aide les entreprises à mieux embaucher, mais il peut aussi avoir des répercussions qui changent la vie des chercheurs d'emploi ainsi que des employés.
- La priorisation des compétences et la suppression des exigences « de façade », comme les diplômes ou les années d'expérience, sont des stratégies clés dans le recrutement axé sur les compétences.
- D'autres stratégies consistent à donner aux candidats dont le parcours n'est pas conventionnel une chance équitable d'obtenir un emploi rémunérateur et à offrir des occasions d'apprentissage et de perfectionnement aux employés actuels.
Steeve Auguste a commencé sa carrière professionnelle en tant qu'interprète de langue anglaise en 2010 après qu'un tremblement de terre ait dévasté son pays d'origine, Haïti. Il est maintenant employé en tant qu'analyste du centre de services pour le Commonwealth du Massachusetts, aux États-Unis.
Au cours de son incarcération, Royal Ramey s'est joint à un programme correctionnel et de réhabilitation géré par la Californie et a découvert sa vocation : devenir pompier professionnel.
Erica Sowder a travaillé comme parajuriste en droit de l'immigration avant de se joindre à Indeed en tant qu'analyste principale des activités juridiques. Elle a ensuite effectué la transition vers le programme d'apprentissage BOOST d'Indeed et est maintenant apprentie ingénieure technique.
Quels sont les points communs de Steeve Auguste, Royal Ramey et Erica Sowder? Ils ont tous obtenu des compétences par des voies non conventionnelles et sont des STAR* (Skilled Through Alternative Routes). Leurs histoires montrent comment le recrutement axé sur les compétences peut ouvrir des portes aux chercheurs d'emploi sous-représentés en se concentrant sur leurs aptitudes plutôt que sur leurs diplômes traditionnels.
« Nous devons être pragmatiques et déterminer si une personne peut réellement faire le travail sans biais, en utilisant des faits réels », explique Royal Ramey. Ce faisant, les entreprises peuvent pourvoir des postes avec des talents pertinents tout en donnant aux gens la chance d'atteindre leur véritable potentiel.
La priorisation des compétences par rapport à des diplômes précis
Steeve Auguste, analyste du centre de services pour le Commonwealth du Massachusetts
Après le tremblement de terre qui a dévasté Haïti en 2010, Steeve Auguste, ayant appris l'anglais par lui-même, a sauté sur l'occasion de devenir interprète. Ses compétences se sont avérées précieuses et l'ont finalement mené aux États-Unis, où il a travaillé comme interprète médical à l'hôpital pour enfants de Boston, puis comme traducteur et agent de liaison avec les familles pour un système scolaire public.
Steeve Auguste aimait aider le personnel soignant et les familles à mieux comprendre les technologies en leur enseignant des compétences comme l'utilisation d'un ordinateur ou l'envoi de courriels.
« J'aime le dépannage. J'aime le remue-méninges », mentionne-t-il. Il se demandait s'il était possible pour lui de faire ce travail à plein temps.
Steeve Auguste s'est inscrit à un programme de certificat de trois mois en assistance en bureautique pour les utilisateurs finaux et en technologie de l'information (TI) par l'intermédiaire de Per Scholas*. Il a travaillé de nuit pendant toute la durée de ses études. « C'était beaucoup, mais je voulais le faire », précise-t-il. Par la suite, Steeve Auguste a postulé à des emplois en informatique, mais, malgré son baccalauréat en administration des affaires (un diplôme qu'il a obtenu alors qu'il était encore en Haïti), il a constaté que de nombreux employeurs exigeaient un baccalauréat en informatique et plusieurs années d'expérience.
Il a persévéré et a finalement obtenu son premier poste en tant qu'analyste informatique, s'occupant de l'assistance en bureautique pour une entreprise de biotechnologie qui était prête à faire confiance à sa certification technique. Grâce à cette occasion, il a ensuite décroché un stage en cybersécurité dans une entreprise de fabrication de produits électroniques.
Aujourd'hui, Steeve Auguste est analyste au centre de services pour le Commonwealth du Massachusetts, qui fournit des solutions informatiques au bureau du médecin légiste, au ministère du Revenu et à d'autres agences d'État. Il combine les compétences techniques qu'il a acquises dans le cadre du programme de certificat avec les compétences générales qu'il a développées en tant qu'interprète et traducteur, comme une solide écoute active, qui est la base d'un bon service à la clientèle, et un rappel de la mémoire à court terme, qui lui permet de se souvenir des phrases exactes qu'un client lui dit tout en discutant d'un problème.
Les plus importantes sont peut-être sa patience et son aptitude à faire preuve d'empathie, des compétences qu'il a acquises en travaillant avec des groupes de personnes qui ne parlaient pas la même langue. « Ils ont peut-être passé une très mauvaise journée », raconte-t-il à propos des clients qui ont besoin de son aide. « Je fais donc toujours de mon mieux pour conserver mon professionnalisme et leur faire savoir que je comprends ce qu'ils attendent de moi. »
Steeve Auguste est maintenant inscrit dans un collège communautaire pour apprendre SQL, Power BI, Tableau et d'autres langages et plateformes pour devenir analyste de données. Ultimement, son rêve est de devenir un expert en science des données.
Son message aux employeurs : « Si vous avez des compétences générales, des aptitudes relationnelles et que vous êtes ouverts à l'encadrement, vous pouvez occuper n'importe quel type d'emploi tant que l'on vous en donne l'occasion. »
La mise en lumière des STAR
Royal Ramey, directeur général et cofondateur du Programme de recrutement dans le domaine de la foresterie et des incendies
Royal Ramey a été incarcéré en 2010. En 2012, il s'est joint aux camps de pompiers de Californie, un programme correctionnel et de réhabilitation géré par l'État dans lequel les détenus s'entraînent à répondre à des urgences comme des incendies, des inondations et d'autres catastrophes naturelles. C'est là qu'il s'est rendu compte qu'il voulait être pompier professionnel.
Royal Ramey et ses camarades portaient des uniformes orange vif au camp, un contraste évident avec le bleu des uniformes des pompiers professionnels. Même après avoir terminé le programme, il a ressenti la stigmatisation associée à la couleur orange. Il a eu du mal à trouver un emploi malgré le fait qu'il possédait les compétences nécessaires et l'expérience réelle. « Vous postulez pour un emploi qui ferait de vous un fonctionnaire, un héros, mais avant cela, vous êtes vu comme une personne qui était en prison, un raté », se confie-t-il.
Après près de deux ans de recherche ardue, et avec l'aide d'un chef des pompiers pour faire face au marché du recrutement, Royal Ramey et son ami du camp de pompiers, Brandon Smith, ont finalement trouvé du travail en tant que pompiers forestiers professionnels dans le comté de San Bernardino. Au cours de leur première mission à Big Bear, Royal Ramey a entendu une voix l'appeler par son nom et a vu la lueur familière des uniformes orange. C'étaient ses amis du camp de pompiers, qui lui disaient fièrement bonjour.
Ce geste l'a inspiré à réorienter le récit entourant les STAR*. Il ne voulait pas que ses camarades, ou ceux comme eux, aient autant de mal que lui à trouver un emploi. En 2018, Royal Ramey et Brandon Smith ont fondé le Programme de recrutement dans le domaine de la foresterie et des incendies* pour aider les personnes précédemment incarcérées à faire la transition vers une carrière de pompier.
Ce programme fournit aux participants des certifications et une expérience sur le terrain, les préparant à des postes dans des agences comme le Service des forêts et Cal Fire. Le Programme de recrutement dans le domaine de la foresterie et des incendies offre également une formation en littératie financière et un accompagnement à la réinsertion afin d'aider les personnes à réussir leur carrière à long terme et à atteindre une stabilité financière.
Son message aux employeurs : « Dans un pays où l'éducation supérieure est inaccessible pour beaucoup et où se trouvent plus de personnes incarcérées que partout ailleurs, nous devons réévaluer notre façon de penser l'expertise, et l'expérience vécue est un atout très précieux. »
Le perfectionnement des employés existants pour de nouveaux postes
Erica Sowder, apprentie ingénieure technique chez Indeed
En 2023, Erica Sowder comptait deux décennies d'expérience juridique. Après avoir obtenu un diplôme en sciences politiques, elle a travaillé comme parajuriste en droit de l'immigration avant de se joindre à Indeed en tant qu'analyste principale des activités juridiques.
Cependant, ce qu'elle voulait vraiment faire, c'était de coder. Alors qu'elle était à l'université, elle a décroché un stage chez Sun Microsystems, une entreprise de technologie de l'information acquise plus tard par Oracle, mais elle a dû le refuser en raison de contraintes financières. Des années plus tard, une formation intensive en codage a attiré son attention, mais elle était une nouvelle mère occupée et ne pouvait pas s'y consacrer. À ce moment-là de sa vie, elle explique : « je pensais que j'avais raté le coche ».
En 2023, Erica Sowder a découvert BOOST, le programme d'apprentissage d'un an d'Indeed qui prépare les employés sans expérience en codage à accéder à des postes d'ingénieurs débutants. « Les étoiles se sont finalement alignées », se souvient-elle. « Je peux garder mon emploi, prendre soin de ma famille et suivre mes rêves. »
Elle explique que les participants consacrent 70 longues heures par semaine à l'apprentissage d'une matière après l'autre à un rythme rapide ainsi qu'à la vérification de leurs connaissances en cours de route. Après la formation intensive immersive en codage de trois mois, les participants réalisent un projet d'intégration pour se familiariser avec l'environnement et les outils de recherche et développement d'Indeed. Ensuite, ils effectuent un stage interne de six mois pour acquérir une expérience réelle.
Depuis le début de 2024, Erica Sowder a appris les langages Java, JavaScript, HTML, CSS, Spring Boot, React et SQL. Les compétences qu'elle a acquises au cours de sa carrière juridique, comme parler avec confiance, l'ont beaucoup aidée. « Il est essentiel de connaître les questions pertinentes à poser et de ne pas avoir peur de les poser lorsque l'on fait partie d'une équipe d'ingénierie », explique-t-elle. Il en va de même pour « le souci du détail, l'analyse et le fait de garder l'inclusivité en tête ».
Si Erica Sowder n'avait pas eu la chance de se perfectionner, elle se serait probablement encore demandé : « Et si? » Au lieu de cela, à la fin de son apprentissage, elle commencera son nouveau poste d'ingénieure logicielle débutante.
Les occasions de perfectionnement de carrière comme BOOST jouent un rôle essentiel dans le recrutement axé sur les compétences en veillant à ce que toute personne ayant de la volonté et des compétences transférables puisse s'orienter vers une nouvelle voie. Elles permettent également aux organisations de fidéliser les employés talentueux et motivés, comme Erica Sowder, qui veulent faire bouger les choses.
Son message aux employeurs : « Parfois, nous pouvons avoir une vision étroite d'une tâche particulière à accomplir. Il est utile d'avoir des façons de penser différentes et des domaines d'intérêt différents dans chaque équipe. Je crois qu'il s'agit d'une valeur ajoutée inestimable. »
Les compétences que devraient rechercher les employeurs lorsqu'ils recrutent en priorisant les compétences
Pour la première cohorte du programme BOOST d'Indeed, 170 employés ont postulé pour 10 postes disponibles. Comment l'équipe a-t-elle déterminé les personnes sélectionnées? Dominique DeGuzman, gestionnaire principale des programmes d'apprentissage chez Indeed, fait part de trois compétences gagnantes.
1. La persévérance et le courage, qui montrent « comment une personne a surmonté des problèmes lorsqu'elle a été confrontée à des obstacles précis », explique Dominique DeGuzman
2. La résolution des problèmes : « Nous avons posé des questions comme "Pouvez-vous me parler du moment dont vous êtes le plus fier en matière de résolution de problèmes, lorsque vous avez dû trouver une solution créative ou non conventionnelle?" »
3. L'harmonisation avec l'engagement de l'entreprise envers la diversité, l'équité, l'inclusion et l'appartenance (DEIA+), notamment parce qu'il s'agissait d'un effort commun avec l'équipe DEIA+ d'Indeed : « Nous voulions nous assurer que leurs valeurs étaient harmonisées. Nous voulions entendre des choses comme : "Parlez d'un moment où vous avez agi en tant qu'allié pour un membre de l'équipe et d'un moment où vous avez rencontré une personne avec un point de vue différent du vôtre. Comment avez-vous écouté activement?" »
Dominique DeGuzman insiste sur l'apport des employés chevronnés en matière d'expérience et de maturité professionnelle. « Beaucoup d'employeurs s'accrochent à la nécessité de ce type d'expérience très précise », mentionne-t-elle.
Cependant, les employeurs ne doivent pas négliger l'expérience professionnelle plus large ainsi que les connaissances institutionnelles que les gens apportent. « Les employés de ce programme ont souvent une expérience directe avec les clients, apportant ces voix et ces préoccupations avec eux lorsqu'ils commencent à travailler sur des produits. » Quelque chose d'aussi simple que de savoir comment agir dans une réunion est également précieux.
« C'est une chose que l'on apprend au cours de sa carrière. Ensuite, vous ajoutez les compétences spécialisées, comme apprendre à faire des choses opérationnelles précises, et celles-ci ne prennent pas 10 ans à maîtriser. »
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