Le Canada est sur le point de connaître un changement de main-d’œuvre important. En 2022, plus d’un million d’immigrants sont arrivés au pays et 1,5 million d’autres sont attendus au cours des trois prochaines années. Ces nouveaux arrivants sont déterminants pour ranimer des secteurs comme les soins de santé, la fabrication et l’hôtellerie qui sont aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre post pandémique. Pourtant, des défis persistent. Bien que les secteurs de la haute technologie tirent parti des talents des immigrants, qui représentent d’ailleurs 40 % des programmeurs et des ingénieurs, de nombreux secteurs continuent d’accuser un retard.

Notre étude intitulée Rapport – Éliminer les obstacles : pour un avenir du travail meilleur et plus équitable révèle un écart. En effet, les nouveaux arrivants font face à des défis liés au marché du travail qui peuvent être exacerbés par de multiples facteurs. Cette situation crée une tempête de recrutement, et des emplois demeurent vacants malgré les talents disponibles.

Voici alors nos constatations, qui portent principalement sur les nouveaux arrivants qui résident au Canada depuis moins de cinq ans.

Statut d’immigrant

Le statut d’immigrant représente un obstacle important pour les nouveaux arrivants. Selon notre étude, 54 % des répondants qui ont passé plus d’un an au Canada, mais moins de deux, considèrent le statut d’immigrant comme un obstacle, et les pourcentages varient pour ceux qui résident au pays depuis plus ou moins longtemps. En effet, en raison de ce statut, plusieurs d’entre eux se retrouvent dans une impasse professionnelle, dans l’attente d’une occasion.

Le gouvernement du Canada reconnaît ce défi et a accéléré le processus d’immigration pour de multiples programmes. Par exemple, dans le cadre de l’instauration d’un nouveau permis de travail de trois ans pour les titulaires d’un visa H-1B des États-Unis, 10 000 personnes ont présenté une demande* dans les deux premiers jours. D’autres programmes, comme le Projet pilote sur la voie d’accès à la mobilité économique (PVAME), ciblent également des talents dans divers secteurs.

Éducation et langue

L’éducation et la langue demeurent des défis en matière d’emploi au Canada pour les nouveaux arrivants. Plusieurs d’entre eux ont de la difficulté à faire reconnaître leurs attestations d’études acquises à l’international*. Dans les secteurs réglementés comme les soins de santé et la technologie, les professionnels étrangers font souvent face à des systèmes canadiens qui ne donnent pas facilement une équivalence aux qualifications mondiales. Pendant que ce problème lié à la reconnaissance professionnelle persiste, plus de 13 000 médecins formés à l’étranger* ne peuvent pas pratiquer au Canada. Il s’agit d’un potentiel énorme qui n’est pas exploité à l’heure actuelle.

Par ailleurs, les nouveaux arrivants n’ont souvent pas accès aux vastes réseaux professionnels qui présentent des possibilités d’emploi informelles, ce qui accentue les difficultés. Les barrières linguistiques compliquent également encore davantage leur parcours professionnel. Selon notre étude, la moitié des nouveaux arrivants interrogés ont indiqué que la langue représentait un obstacle au travail, et les personnes qui ne considèrent pas l’anglais ou le français comme leur langue maternelle le ressentent le plus vivement.

Racisme et discrimination

Le racisme et la discrimination jouent également un rôle important dans l’expérience des nouveaux arrivants. En effet, plus du tiers des répondants ont été victimes de discrimination raciale. Malgré le fait que la population soit diversifiée au Canada, 26 % des nouveaux arrivants ont été victimes de préjugés en milieu de travail. Cette discrimination se manifeste d’ailleurs de bien des façons, que ce soit par la sous-évaluation des opinions ou la mise à l’écart de candidats à des promotions.

Pour relever ces défis, les employeurs doivent être proactifs. L’une des approches possibles consiste à réévaluer les qualifications professionnelles strictes et à envisager la formation en cours d’emploi. L’élaboration d’offres d’emploi qui tiennent compte de l’inclusivité et de la compréhension des nuances culturelles, comme les différentes approches de l’autopromotion, peut également attirer un bassin diversifié de candidats. Bien que des progrès aient été réalisés, notamment la suppression des obstacles liés à l’« expérience canadienne » par la Commission ontarienne des droits de la personne (CODP), des problèmes systémiques comme les préjugés contre les noms à consonance étrangère persistent dans les pratiques d’embauche.

Soutien aux nouveaux arrivants au Canada

Le Canada a lancé des initiatives visant à réduire les obstacles pour les nouveaux arrivants qui se font concurrence pour des emplois sur le marché du travail. Des provinces comme l’Ontario et la Colombie-Britannique* ont notamment élaboré des politiques pour faciliter l’intégration au marché du travail, en mettant l’accent sur des programmes adaptés aux rôles à forte demande et aux voies d’accès à la résidence permanente. Le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), qui cible les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants étrangers, est également un autre bel exemple de processus d’intégration simplifié.

Envisagez d’offrir des moyens pour soutenir les nouveaux arrivants et réduire les obstacles auxquels ils font face dans leur recherche d’emploi ou au sein de leur milieu de travail. Le fait de mettre l’accent sur l’inclusion des nouveaux arrivants peut combler l’écart observé en ce qui a trait aux postes vacants, à l’amélioration de l’expérience des clients, à la diversité en milieu de travail et à la réussite à long terme.

En tirant parti de ces initiatives gouvernementales, en étant informées des programmes à la disposition des nouveaux arrivants et en offrant un soutien constant, les entreprises comme la vôtre peuvent réellement donner l’exemple d’une main-d’œuvre diversifiée et inclusive.

À mesure que les tendances de l’emploi évoluent, il est essentiel de continuer à accorder la priorité à la diversité et à l’inclusion. En comprenant les besoins nuancés d’une main-d’œuvre variée qui intègre les nouveaux arrivants, des entreprises comme la vôtre peuvent prospérer.

Pour lire l’intégralité du livre blanc « Un paradoxe de recrutement : les nouveaux arrivants au Canada et le défi de l’intégration au marché du travail ».

*Article(s) en anglais