Les travailleurs LGBTQIA+ vivant avec un handicap peuvent rencontrer des obstacles particuliers qui les empêchent d'obtenir un meilleur emploi. Découvrez quelques-uns de ces obstacles et voyez comment les dirigeants peuvent contribuer à les éliminer. 

Faits saillants 

  • La responsable principale du programme d'accessibilité du service marketing chez Indeed a discuté avec deux personnes de l'entreprise qui se déclarent membres vivant avec un handicap de la communauté LGBTQIA+ pour en savoir plus sur leur expérience et leurs difficultés liées au travail.
  • Outre la discrimination et les obstacles à l'emploi, les travailleurs victimes d'une marginalisation intersectionnelle doivent porter un fardeau supplémentaire, celui de défendre quotidiennement leurs intérêts. 
  • Pour promouvoir un lieu de travail plus inclusif, les employeurs doivent se former, multiplier les occasions de se réunir et de tisser des liens, et donner aux gens l'espace et les ressources nécessaires pour s'épanouir.

* Note du rédacteur : cet article utilise principalement un langage centré sur la personne ainsi qu'un langage centré sur le handicap lorsque la personne qui intervient se désigne elle-même ou est citée.

La célébration simultanée du Mois de la fierté en juin et du Mois de la fierté des personnes handicapées en juillet offre une occasion unique de sensibiliser à l'expérience des travailleurs LGBTQIA+ vivant avec un handicap.

En tant que responsable principale du programme d'accessibilité du service marketing chez Indeed, femme et membre de la communauté des personnes vivant avec un handicap, je ne connais que trop bien les obstacles qui se dressent à la fois sur le lieu de travail et en dehors. Mais je voulais aussi connaître la situation des travailleurs qui se trouvent à une intersection différente de la mienne, en l'occurrence la communauté des personnes vivant avec un handicap et la communauté des personnes LGBTQIA+. Quels sont leurs défis quotidiens et comment les employeurs peuvent-ils mieux les soutenir pour qu'ils puissent s'épanouir au travail? 

Ces identités intersectionnelles peuvent créer des obstacles considérables au bien-être et à l'intégration dans le monde du travail. Selon le Center for American Progress*, 46 % des adultes LGBTQI+ (acronyme utilisé dans l'étude) vivant avec un handicap ont déclaré un revenu familial annuel inférieur à 30 000 $, contre 29 % des adultes LGBTQI+ ne vivant pas avec un handicap. 

En outre, les données du sondage du Center for American Progress de 2020, représentatives au niveau national*, ont révélé que 45 % des adultes LGBTQI+ ayant « une forme de handicap » ont été victimes de discrimination l'année précédente. Pour les adultes LGBTQI+ de minorité visible vivant avec un handicap, ce chiffre s'élève à 54 %, contre 33 % pour les adultes LGBTQI+ de toute origine ethnique vivant sans handicap. Plus les intersections sont nombreuses, plus les obstacles le sont également. 

Les employeurs et les responsables des ressources humaines devraient œuvrer à la création d'un monde où tous les talents peuvent s'épanouir. Dans l'esprit de l'appel à l'action en faveur de la justice pour les personnes vivant avec un handicap, « rien sur nous sans nous*, » j'ai recueilli le témoignage de deux membres d'Indeed qui vivent ces réalités au quotidien.

  • Abby Holtfort, gestionnaire de Workplace Operations pour Indeed Tower (siège mondial d'Indeed) et poste de coprésidence pour les Amériques d'iPride & Gender Identity, le groupe de ressources d'inclusion LGBTQIA+ d'Indeed
  • Lake Scarzfava, responsable technique, service d'assistance BOSS (équipe des opérations commerciales et des solutions de soutien d'Indeed) et anciennement au poste de coprésidence d'Access Indeed, un groupe de ressources d'inclusion qui a pour mission de promouvoir l'inclusion et de réduire les biais sur le lieu de travail, en particulier pour les personnes vivant avec un handicap

Abby Holtfort et Lake Scarzfava utilisent des pronoms neutres et ont en commun un handicap découvert tout à fait par hasard.

Abby Holtfort, j'ai appris que vous aviez découvert votre handicap au travail. Pouvez-vous nous parler de cette anecdote pour commencer? 

Abby Holtfort : J'ai appris l'existence de l'un de mes handicaps grâce à mon amitié avec Lake, dont j'ai fait la connaissance par l'intermédiaire d'iPride & Gender Identity [un groupe de ressources d'inclusion d'Indeed]. Teddy, le chien d'assistance de Lake, a manifesté une curiosité particulière à mon égard. Je pensais qu'il était simplement amical, mais Lake m'a dit que ce n'était pas normal, qu'il semblait dire : « Ton odeur m'est familière. » 

C'est ainsi que j'ai découvert que je présentais des symptômes que Teddy avait appris à détecter, et j'ai fini par consulter un médecin. Je ne l'aurais jamais su sans nos liens créés grâce au groupe de ressources d'inclusion et sans cette facilité à discuter de ces questions sur le lieu de travail, rendue possible par l'atmosphère d'inclusion qui règne chez Indeed. 

Comment le fait de vivre à l'intersection d'un handicap et d'une identité LGBTQIA+ a-t-il marqué vos deux expériences sur le lieu de travail?

Lake Scarzfava : Cela m'a servi de tremplin dans mes autres activités professionnelles. Auparavant, j'avais un handicap invisible. Puis, après avoir eu Teddy, mes handicaps sont devenus visibles. Cette visibilité, le fait d'occuper l'espace, m'a également permis de m'affirmer en tant que personne non genrée et queer. En l'amenant, lui et ma personne, sur le lieu de travail et en demandant par exemple [que] les bons pronoms [soient utilisés], cela m'a fait me rendre compte qu'il n'y avait pas de mal à occuper l'espace, que je n'en demandais pas trop et que j'avais des points forts que d'autres n'avaient pas.

Plus je m'exprime et demande des choses qui me donnent de la visibilité ou un peu plus d'espace, plus je prends de l'assurance dans d'autres domaines. Et avec un peu de chance, je montre aux autres qu'il n'y a pas de mal à occuper l'espace.

Abby Holtfort : Le problème quand on est une personne qui utilise un pronom neutre et qui a un handicap visible, c'est qu'il faut se justifier. Souvent. 

À cette intersection, je suis à la fois une personne de genre queer et une personne vivant avec un handicap, mais on ne me voit pas souvent comme de genre queer (ce qui est à la fois un problème frustrant et un privilège). En tant que figure de proue du bureau Indeed Tower, mon poste a beaucoup de visibilité et j'interagis avec de nombreuses personnes. Le premier jour où j'ai utilisé ma canne au travail, j'ai eu peur, car je savais que les gens allaient me cataloguer comme une personne vivant avec un handicap, et je ne savais pas comment cela allait être perçu. 

Mais à mesure que j'ai commencé à me sentir plus en confiance pour m'affirmer, pour montrer ma vraie personnalité et pour défendre mon identité, cela m'a permis d'être plus moi-même avec mon corps et mon identité, et de guider les autres vers une culture d'entreprise inclusive chez Indeed, et pour tous les chercheurs d'emploi en dehors de l'entreprise, par l'intermédiaire de notre travail. Cette approche est plus tolérante [et n'exige pas que vous vous justifiiez en permanence]. 

Quels types d'obstacles rencontrez-vous le plus souvent lorsqu'il est question de trouver un meilleur emploi? 

Abby Holtfort : Même chez Indeed, où nous avons le privilège de disposer d'un excellent système de santé et d'autres avantages sociaux, il reste difficile d'obtenir des accommodements. 

Vous devez fournir des preuves [de votre handicap], ajouter un billet du médecin et attendre des mois avant d'obtenir une réponse. S'il s'agit d'une entreprise tierce, vous attendez que quelqu'un vienne vous confirmer que vos besoins peuvent être couverts. D'autres peuvent également entreprendre des démarches pour obtenir une chirurgie affirmative du genre ou des services de planification familiale. La combinaison de tous ces éléments devient une véritable jungle qu'il est difficile de traverser tout en accomplissant son travail.

À un moment donné, il devient épuisant de devoir constamment défendre ses intérêts.

Lake : Au-delà de la charge cognitive liée à la nécessité de défendre ses intérêts, la recherche d'un emploi pour une personne vivant avec un handicap ou queer peut s'avérer être un travail à part entière. 

Chaque jour, de petites choses s'ajoutent, comme la nécessité d'adapter mon horaire et de dire à mon patron que j'ai un rendez-vous chez le médecin, ou de trouver un équilibre entre mes obligations d'assister à des réunions internationales et le simple fait de ressentir de la fatigue. En tant que personne vivant avec un handicap, une grande partie de mon existence repose sur la gestion de mes niveaux de stress et de fatigue. Dans ces conditions, comment puis-je concilier les exigences de mon travail et y exceller, tout en défendant mes intérêts et en respectant les limites qui me sont imposées? Même les accommodements qui sont déjà disponibles m'obligent à me manifester et à dire « J'ai besoin de ceci… » chaque fois que je me trouve dans une pièce. 

Quels conseils donneriez-vous aux employeurs et aux responsables de l'attraction des talents pour promouvoir l'inclusion et l'appartenance des personnes LGBTQIA+ vivant avec un handicap sur le lieu de travail?

Abby Holtfort : Ce n'est pas à la personne qui a cette identité de se justifier et de s'informer, mais aux employeurs, afin qu'ils puissent intégrer des membres de l'équipe sans que la responsabilité d'informer et de justifier ne pèse sur la personne queer vivant avec un handicap. 

Ce n'est pas notre rôle de devoir façonner les esprits en permanence pour pouvoir exister.

Lake Scarzfava : Les gens devraient pouvoir s'exprimer quand ils le souhaitent, et à l'inverse, ne pas toujours avoir à se justifier. C'est un équilibre à trouver. 

Je me passionne pour la défense des droits en tant que personne queer, vivant avec un handicap et ayant l'expertise dans l'éducation des chiens d'assistance. J'aime vraiment sensibiliser les gens lorsque cet espace est le fruit de mon choix. Par exemple, je me ferai un plaisir de vous expliquer et de répondre à vos questions si nous dînons ensemble (et si je me sens à l'aise). À l'inverse, il se pourrait que j'arrive au bureau avec mon chien d'assistance sans ne vous avoir jamais rencontrée et que je ne souhaite pas consacrer dix minutes d'une entrevue à expliquer sa présence. 

Abby Holtfort : Par ailleurs, l'accessibilité et l'inclusion sur le lieu de travail sont des questions qui restent toujours d'actualité, et pas seulement pendant les Mois de la fierté.

Lake Scarzfava : Les personnes qui se trouvent à l'intersection des identités, en particulier de mon point de vue de personne queer vivant avec un handicap, ont des compétences et des expériences précieuses à offrir, même si cela implique de prévoir des accommodements pour les mettre à profit.

J'encourage les gens à s'intéresser à nos communautés et à la manière dont nous gérons des situations auxquelles la plupart n'ont jamais à vivre, afin d'apporter nos compétences et toute la richesse que confère cette diversité. 

J'aimerais voir davantage d'employeurs dire : « Vous n'avez pas besoin de déployer des efforts pour vous imposer. C'est à moi de m'en occuper. Consacrez plutôt votre énergie à faire de l'excellent travail, car vous en êtes capable. »

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