Le philanthrope et comédien s'entretient avec LaFawn Davis d'Indeed sur l'expansion des opportunités et pourquoi les conversations au bureau devraient porter sur autre chose que la politique.
Points clés à retenir
- Donner aux gens les outils nécessaires pour faire un travail est tout aussi important que de leur donner les compétences.
- Le lieu de travail n’est pas toujours le bon endroit pour la politique. Et c'est bien.
- L’IA peut ouvrir l’accès à des opportunités et étendre les capacités humaines.
Alors que Trevor Noah se préparait à obtenir son diplôme d’études secondaires, sa mère lui a fait un marché : s’il pouvait rassembler suffisamment d’argent pour payer la moitié de ses frais de scolarité, elle couvrirait le reste. « À partir de ce moment-là, j'ai commencé mon parcours pour gagner suffisamment d'argent pour aller à l'université », a plaisanté Noah lors d'une discussion sur scène à Indeed FutureWorks 2024. « Les coûts universitaires ne cessent d'augmenter. »
Bien sûr, l’ancien animateur de « The Daily Show » et auteur du livre à succès « Born a Crime » a finalement gagné de l’argent. Mais il n’a jamais obtenu de diplôme.
L'ancien animateur de « The Daily Show » Trevor Noah sur scène avec LaFawn Davis, cheffe des ressources humaines et du développement durable d'Indeed, à Indeed FutureWorks 2024, le 26 septembre (vidéo en anglais)
Comme environ la moitié de la main-d'œuvre américaine, Noah est ce qu'on appelle une STAR, qui signifie « skilled through alternative routes »* (compétent grâce à des parcours alternatifs).
« En termes plus simples, cela signifie simplement que vous ignorez toute la question du "baccalauréat" », a déclaré LaFawn Davis, cheffe des ressources humaines et du développement durable d'Indeed. Au cours de sa conversation avec Noah, Davis a expliqué ses propres difficultés à trouver un emploi sans diplôme universitaire, « même si j'avais des compétences et une expertise ». Il existe 70 millions de STARs aux États-Unis, mais comme l’a noté Davis, ils gagnent 75 % de moins au cours de leur vie que les personnes titulaires d’un diplôme universitaire.
LaFawn Davis, cheffe des ressources humaines et du développement durable chez Indeed, explique ses propres difficultés à trouver un emploi sans diplôme universitaire, « même si j'avais des compétences et une expertise ».
Pour détruire ce soi-disant « plafond de papier », Indeed s'est fixé pour objectif d'aider 30 millions de personnes confrontées à des obstacles à l'emploi à trouver un emploi d'ici 2030. Cela inclut les STARs, ainsi que les personnes handicapées et celles ayant un casier judiciaire. En mars 2024, Indeed avait aidé près de 7 millions de ces personnes à être embauchées. « Si vous pouvez faire le travail, vous devriez l'obtenir, peu importe où et comment vous avez acquis vos compétences », a déclaré Davis.
Il s'agit d'une initiative qui s'aligne étroitement sur le travail effectué par la Fondation Trevor Noah* dans les écoles de partout en Afrique du Sud. Noah a fondé l'organisme en 2018 pour financer des écoles pour les jeunes défavorisés, mais elle s'est depuis développée pour inclure des programmes de mentorat et des efforts visant à mettre les étudiants en contact avec des emplois après l'obtention de leur diplôme. « Il ne suffit pas de donner une éducation aux enfants », a déclaré Noah. « Souvent, le lien avec les opportunités est plus important que les qualifications. »
Lors d'une conversation avec Davis, Noah a expliqué comment les employeurs peuvent accroître les opportunités pour les chercheurs d'emploi, la bonne façon d'aborder la politique sur le lieu de travail et les arguments en faveur de l'optimisme en matière d'IA. Voici un aperçu de leur conversation.
Sur son parcours professionnel personnel :
Noah n'a jamais prévu de devenir humoriste. En fait, il rêvait d’aller à l’université pour étudier « tout ce qui touche à l’informatique ». Mais cela ne s’est pas vraiment passé comme ça :
« Je n’ai jamais vu [ma carrière] comme une carrière. Ce n’était vraiment qu’un pas vers le suivant. Chaque fois que je trouvais un autre emploi, je pensais : "D'accord, maintenant, je suppose que j'en ai assez pour aller à l'université." Et puis je pensais : "Eh bien, laissez-moi en avoir un peu plus." Je suis allé là où le travail me mènerait. »
« L'humour a commencé comme un passe-temps. Ce n’était pas une industrie en Afrique du Sud. C’est encore naissant. Je suis donc passé d'un spectacle à l'autre, d'un club à l'autre. Un jour, ce petit site Web appelé YouTube a démarré. J'ai mis certaines de mes vidéos dessus, puis j'ai reçu un appel de quelqu'un dans un autre pays, et ils m'ont dit : "Nous aimerions que vous veniez faire de l'humour ici. Je suis allé faire de l'humour en Australie, et j'y suis allé faire de l'humour aux Émirats arabes unis et au Royaume-Uni, et puis un jour, c'était en Amérique. Tout cela n’était que de minuscules petits dominos et de minuscules petites marches qui m’ont conduit à l’endroit où les gens me connaissent désormais, et c’est comme hôte du "The Daily Show" ».
Sur l’importance de donner aux chercheurs d’emploi des outils (et pas seulement des compétences) pour réussir :
Dans son livre « Born a Crime », Noah a écrit qu’il y a un problème avec le vieil adage : « Donnez un poisson à un homme, il en mangera pendant une journée. Apprenez à un homme à pêcher, il mangera pendant un an. » Pour réussir, disait Noé, l’homme a aussi besoin d’une canne à pêche. Noah, pour sa part, dit qu’il en a reçu beaucoup.
« L'une des premières "cannes à pêche" que j'ai achetées venait d'un de mes amis du secondaire. Il était un enfant vraiment à la pointe de la technologie. Il avait l'habitude de graver des CD pour les gens quand personne ne pouvait le faire, et il dirigeait cette petite entreprise de piraterie. C’était un enfant intello et gentil, mais parfois les gens ne voulaient pas le payer. J’ai dit : "Donne-moi tous tes mauvais payeurs et je vais te régler ça" ».
Tout au long de ma vie, les gens m'ont montré l'importance de donner à quelqu'un non seulement l'opportunité de faire partie de quelque chose, mais aussi de lui donner les outils nécessaires pour réussir.
Trevor Noah, humoriste et auteur à succès.
« Pendant des années, ça a bien fonctionné. Puis un jour, pendant la récréation à l'école, il m'a appelé à l'écart. Il dit : "Hé, mon gars, j’ai décidé de me retirer de l’entreprise. Pourquoi tu t'en occupe pas?" J’ai dit : "D’accord, mais comment?J'ai pas d'ordinateur. J'ai pas les moyens d’acheter un ordinateur." Il a dit : "Et si je te donne tout l’équipement et tu pourras me rembourser?" »
« C'est l'un des premiers moments auquel je peux penser où quelqu'un m'a donné une canne à pêche. Je savais comment exécuter le logiciel pour graver des CD. Mais s’il n’avait pas fait ce qu'il a fait, je n’aurais pas pu l’exécuter. C'est vraiment la première fois que je réalise l'importance de l'équité. »
« Un exemple plus récent est celui de Jon Stewart qui m'a amené à "The Daily Show". Je peux avoir le talent d'humoriste. Je peux avoir l’éthique de travail et tout le reste. Mais ensuite quelqu'un m'a dit : "Hé, pourquoi je ne te donnerais pas une plateforme?" Tout au long de ma vie, j'ai rencontré des gens qui m'ont montré l'importance de donner à quelqu'un non seulement l'opportunité de faire partie de quelque chose, mais en leur donnant les outils nécessaires pour être compétents dans cette industrie. »
LaFawn Davis (à gauche) et Trevor Noah (à droite) expliquent pourquoi le lieu de travail n'est pas le bon endroit pour la politique et comment l'IA peut ouvrir un monde de possibilités.
La raison pour laquelle il est optimiste – et affiche un « pessimisme prudent » – à propos de l’IA :
Noah se décrit comme un « éternel optimiste ». Cela s’applique à sa vision de l’avenir de l’IA, à quelques exceptions près.
« Quand je regarde l’IA, ce qui me passionne le plus, ce sont les possibilités de faire évoluer les idées bien au-delà de ce dont les humains sont capables. L’IA peut nous aider à réaliser des choses et à démocratiser des idées et des outils que nous n’aurions jamais pu réaliser. Dans l'éducation, où je passe beaucoup de temps, je rêve d'un monde où chaque enfant a accès à un tuteur, car nous avons vu à travers d'innombrables études que l'une des meilleures façons d'atteindre vos objectifs en éducation est d'avoir un tuteur personnel. La plupart des enfants ne peuvent pas se le permettre, et nous n’avons pas assez de personnes dans le monde pour donner des cours particuliers à tout le monde. Mais nous pouvons le faire avec l’IA. »
« Je me souviens d’être allé à l’Université Johns Hopkins et d’avoir parlé à l’équipe du travail qu’elle accomplit dans la détection du cancer du sein. L’IA a considérablement amélioré ce dont ils sont capables. Parce qu’aucun médecin ne peut évoquer chaque examen qu’il a effectué, aussi bon que soit le radiologue. Je pense que cela vaut pour toutes les industries, et cela me passionne. »
« Ça ne veut pas dire que je ne pense pas que nous devrions être prudents et responsables, mais je ne pense pas que nous devons vivre dans un monde où c’est ceci ou cela. Je pense que deux choses peuvent être vraies en même temps. »
Au sujet de la place appropriée de la politique au travail :
Au « Daily Show », le travail de Noah consistait à parler de politique. Cela a suffi à le convaincre que la bonne façon de parler politique au travail est peut-être de ne pas parler politique du tout.
« L’une des choses les plus importantes que j’ai apprises en travaillant à "The Daily Show" est que nous ne devons jamais perdre de vue le fait que les problèmes sont réels mais que la politique est imaginaire. Un nid-de-poule sur la route, c’est un problème. La politique se dispute sur la manière de combler ce trou. Je passe plus de temps à essayer de me concentrer sur les problèmes qui unissent les gens plutôt que sur les politiques qui divisent les gens. Si vous faites cela, vous vous rendez compte que les gens ne sont pas aussi polarisés qu’on nous laisse croire. C’est juste que les gens existent dans un monde où ils se battent pour des solutions, alors qu’en fait ils partagent les mêmes problèmes. »
« Le lieu de travail, à bien des égards, est un village artificiel et une communauté artificielle qui présente de nombreux avantages réels, mais je ne pense pas que ce soit toujours le lieu idéal pour nous impliquer dans tout ce que nous vivons dans nos vies. Si vous démarrez une conversation en parlant de ce qui vous sépare, vous n’arriverez généralement jamais à ce qui vous relie. »
« Établissez des liens avec quelque chose qui se passe sur le lieu de travail. Établissez des liens sur les passions, les sports, les activités, les passe-temps, la musique que vous écoutez, les films que vous regardez. Vous serez choqué de voir à quel point toutes ces choses sont les éléments de base qui nous mènent au point où nous pouvons réellement avoir un discours sur la politique. Je ne pense pas que quiconque soit en mesure de parler de politique avant de connaître son interlocuteur. Tout ce qui arrive, c’est que vous dites votre vision politique, je dis ma vision politique, nous passons directement à la chose la plus importante qui nous désuni, et c’est tout. Nous avons clos la discussion. »
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